• PROLOGUE ;

Voici l'intrigue de l'Assemblée.

Ils étaient trois. Trois chats du Vent à s’être levés à l’aube pour aller chasser. Le premier était un guerrier tigré, que l’on appelait Brise d’Automne. Plutôt expérimenté, il était très apprécié au sein du Clan, tant pour sa bonne humeur permanente que pour ses immenses talents de guerrier et de chasseur. Avec lui, deux jeunes. Nuage du Lièvre, son apprenti, plutôt réticent à aller s’aventurer loin alors que le jour ne s’était pas complètement levé, et Boule Angélique, qui avait profondément insisté pour les accompagner. Ne pouvant résister à la tendresse de la petite chatte, le guerrier avait accepté. Et finalement, elle avait passé le plus clair de son temps à s’amuser avec Nuage du Lièvre plutôt qu’à le laisser suivre son mentor. D’ailleurs, ce dernier, lassé de les voir jouer, s’était un peu éloigné pour chasser plus sérieusement à un endroit où leurs gémissements amusés ne faisaient pas fuir le gibier. Mais dans les buissons, une ombre tapie guettait, tâtait contre le sol les pas du guerrier qui s’approchait, sans rien voir de la menace. Comme une flèche, cette silhouette s’abattit comme un sabre sur le guerrier qui surprit, avait déjà perdu l’avantage. L’attaquant était rapide, et maîtrisait ses gestes avec justesse. Alerté par les cris du combat, Nuage de Lièvre hésita pourtant, tétanisé par la peur. Finalement, il couru en direction des déchirants miaulements, et il fut frappé par une vague d’odeur de sang.

Allongé sur le sol, baignant dans une mare de son sang qui s’écoulait encore et encore, son mentor terminait d’agoniser. Et tout ce que l’apprenti pu voir du meurtrier, c’est une fourrure tachée du sang de son mentor. Une image furtive, qui s’imprima dans son esprit, sans qu’il puisse reconnaître cette silhouette féline. Horrifié, éclatant en sanglots, le petit chat s’élança vers le camp, sans même prendre la peine d’accompagner lentement Boule Angélique, qui, pauvre petite, ne comprenait plus rien. Mais elle trouva sage de rester immobile, attendant qu’on vienne la chercher. Car elle avait sentit que non loin d’ici, c’était un macabre spectacle qui avait fait fuir Nuage du Lièvre.

Une patrouille du Vent ne tarda pas à arriver, mais Nuage du Lièvre n’était plus là. Et Boule Angélique sentit au choc que les trois chats du Vent eurent, qu’elle faisait bien d’être aveugle, rien que pour ne pas voir ce qu’ils voyaient. Un guerrier s’approcha d’elle, bien qu’elle ait déjà compris.

« Brise d’Automne a été assassiné. Le meurtrier devait lui en vouloir profondément, tant il l’a blessé. Tant il l’a … Je … C’est horrible, Boule Angélique. Suis-moi, nous rentrons. »

Il fut enterré sur le lieu même de sa mort, tant il aurait été trop dangereux de le déplacer plusieurs fois. Et personne n’avait envie que les plus jeunes voient cela, au centre du Camp. Tous vinrent poser une dernière fois leur museau dans sa fourrure souillée de pourpre, et on le veilla toute la nuit. Ce pauvre guerrier qui n’avait jamais rien demandé. Le Clan du Vent se plongea dans un deuil difficile. Ils venaient de perdre un trop bon élément, en plus déjà de tous les morts de la famine. Cette année avait été l’une des pires pour le Clan du Vent, qui se remettait à peine de l’hiver. Tandis que dans une tanière, un chat jubilait, fier d’avoir ôté la vie à un malheureux de plus.

Et dans les quatre Clans, tous se préparaient à l’Assemblée prochaine. La première du printemps. Tandis que le Clan de la Rivière, de l’Ombre et du Tonnerre, étaient loin de se douter de ce qui allait arriver … Oh oui, très loin.

• Étoile des Pluies ;

Étoile des Pluies sortit de sa tanière. Perchée sur le promontoire, la féline s’assit et contempla son Clan, les yeux pourtant vides de toute expression. Petit à petit, tous rentraient de chasse ou d’entraînement. Et bientôt … Ils seraient tous là. Sage et immobile, elle ne cessa de laisser divaguer ses yeux partout, les regardant un à un, comme si chacun avait dans son cœur une importante telle qu’il fallait qu’elle vérifie qu’ils étaient bien tous là. Quand elle sentit que le moment était venu, elle se leva et s’approcha du vide, essayant de sourire timidement. Bien que ce fut plutôt une babine retroussée qu’un sourire. Après tout, elle n’aimait pas vraiment sourire inutilement. Mais elle essaya de trouver un quelque chose qui la pousse à le faire, rien que pour eux. Rien que pour qu’ils comprennent qu’elle était tout de même contente, de les représenter pour l’assemblée qu’elle s’apprêtait à annoncer. Un petit vent traversa la clairière du Camp, et après s’être à nouveau assise sur la roche encore chaude du soleil qui s’était répandu dessus pendant la journée, Étoile des Pluies attendit que les derniers rejoignent le centre, et leur parla enfin.

« Guerriers du Tonnerre ! Il est l’heure de partir pour l’Assemblée. Que ceux qui viennent se regroupent, nous partons sur le champ. La lune est claire ce soir, le ciel dégagé, et nous avons de bonnes nouvelles à annoncer. J’espère qu’une bonne soirée se prépare. »

Descendant de son promontoire avec grâce, Étoile des Pluies s’élança directement en direction de la sortie du Camp, et ne s’arrêta qu’avant de franchir le tunnel de sortie pour vérifier que tous la suivaient, et qu’aucun apprenti n’était en retard. Une fois certaine que le groupe était bien en route, la Chef ne s’arrêta plus, certaine que sa troupe la suivait. Aujourd’hui était un grand jour pour Étoile des Pluies, puisqu’elle pourrait annoncer à tous que le Clan possédait de nouveaux apprentis. Dont Nuage Immortel. Ce petit chat qu’elle avait trouvé, et qu’elle avait ramené au camp. Elle jeta un coup d’œil dans son dos, et le distingua dans la foule. Ce petit chat qu’elle protégeait, sans pour autant savoir quel lien étrange et pourtant si fort les reliait déjà. Quelque chose de mystérieux et d’encore jeune, mais qui donnait à la meneuse une inhabituelle curiosité. Remettant ses esprits en place, la féline tigrée continua son chemin sans trop se questionner, mais sans ralentir l’allure. Le Clan du Tonnerre était souvent le premier arrivé, et c’était ce qui convenait à Étoile des Pluies. Alors elle ne fut pas surprise quand, du haut de la combe, elle trouva les quatre chênes encore silencieux de la nuit. C’était fou comme ce lieu dégageait une atmosphère à la fois si divine et si … Pure. S’arrêtant avant de dévaler la pente, les félins derrière elle firent de même. Elle contempla les quatre si grands arbres qui se dressaient devant elle et après une grande inspiration, elle descendit en marchant, se sentant soudainement comme … Apaisée. Apaisée de savoir que le Clan des Étoiles, dès à présent, veillait sur les quatre Clans. Machinalement, comme elle était tant habituée à le faire, la meneuse monta sur le grand rocher et prit sa place habituelle, tandis qu’elle regardait Symphonie du Bonheur s’installer un peu plus bas. Elle lui adressa un regard vide. Ce même regard qu’elle avait toujours, si intense, fort … Et pourtant si vide et fragile. Le visage dénué de toute expression, elle redressa la tête quand elle entendit un Clan arriver. A l’odeur qu’ils amenaient déjà, Étoile des Pluies reconnu le Clan du Vent, et vit Étoile des Illusions s’approcher du rocher, bien plus vivement que la meneuse du Tonnerre l’avait fait. Elle était un peu brusque dans ses mouvements, et semblait profondément déterminée. Sans la connaître vraiment, Étoile des Pluies savait pourtant qu’elle était une chatte difficile et plus ou moins imposante. Et dans son regard, son attitude … Elle cru voir comme l’ombre d’un énervement. Mais elle n’y fit pas attention, et se concentra plutôt sur l’arrivée prochaine des deux derniers Clans.

Étoile des Pluies eu soudain comme un vertige, à l’idée de se dire qu’une fois de plus, elle représenterait son Clan. Pouvait-elle décrire à quel point c’était important dans son cœur si caché ? Et pourrait-elle un jour leur dire, tout cet amour qu’elle avait pour eux ? Peut-être pas. Mais elle espérait de tout son être qu’ils étaient contents de l’avoir pour Chef. Elle savait que tous ne pouvaient pas l’apprécier, mais elle aurait tout donné pour savoir si elle faisait son travail correctement. Et s’ils étaient contents. Car elle voulait d’un Clan puissant, d’un Clan soudé.

Elle voulait d’un merveilleux Clan du Tonnerre.

- Nuage du Lièvre, il faut que tu ailles voir !

Le chat était pétrifié sur place. L’odeur du sang emplissait ses narines et les miaulements la rendaient sourde. Et Brise d’Automne était là, plus loin. Boule Angélique pencha sa tête vers le sol et, couché, elle essaya se se boucher les oreilles aves ses pattes. C’était sa faute. Tout était de sa faute. Elle n’aurait pas dû venir. Elle n’aurait pas dû, elle n’aurait pas dû, elle n’aurait pas dû … Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours qu’elle insiste quand on lui disait non ?

- NUAGE DU LIEVRE !

Elle n’en pouvait plus, les hurlements de douleur lui provenant d’un peu plus loin lui déchirant les oreilles. C’était comme des entailles, comme des griffures, dont la douleur brûlait de l’intérieur. L’apprenti partit rejoindre son mentor dans un froissement d’herbe. Boule Angélique n’arrivait plus à réfléchir. Il y avait trop de sang, trop de douleur, trop de rage et de violence. Et même longtemps après que tous les bruits aient cessés, ils résonnaient dans son esprit, aussi vif que si elle les poussait.

Nuage du Lièvre était parti maintenant. Et tout était enfin calme. Doucement, Boule Angélique se rassit, tremblante. Elle fit quelques pas en avant, suivant l’odeur du sang, mais ses pattes tremblaient tellement qu’elle dû s’arrêter. Que venait-il de se passer ? C'était ça, devenir guerrier ? C'était ça, la guerre ? La jeune chatte n'avait plus vraiment envie de devenir apprentie désormais ...

Boule Angélique avait eu beaucoup de mal à retrouver sa bonne humeur naturelle. Alors qu’elle pensait qu’elle pourrait oublier en paix, Etoile des Illusions lui avait demandé de dire ce qu’elle avait senti et attendu. Et tout ce qu’elle a pu lui dire, c’est qu’il y avait beaucoup de sang, et ça, la chef le savait déjà. Ses frères l’avaient soutenue. Ils n’avaient jamais abordés le sujet, ils lui avaient racontée leur entrainement. C’était pour lui changer les idées, et ça a marché.

Ce matin-là, la jeune chatte s’est donc réveillée, le sourire aux lèvres, comme à son habitude. La peur lui nouait toujours l’estomac à l’idée de ressortir hors du camp : elle est donc restée sur la « place », se tenant tranquille. Les chatons de Mélodie du Soir étaient sortaient jouer avec elles, et ils ne l’avaient quittée que pour aller faire la sieste. Toute la journée, ils avaient joué à cache-cache (inutile de préciser que Boule Angélique gagnait toujours), puis ils avaient joué à se battre pour de faux, à chasser des boules de mousses ou d’herbe et ensuite à se la lancer. Il faisait beau. Tout était parfait.

La nuit venait petit à petit. Boule Angélique partageait un lapin bien dodu avec ses frères et sa mère. Quand la famille était réunie, pour elle, s’était un moment de pur bonheur. Rien ne pouvait plus l’atteindre. Puis Etoile des Illusions à rassembler le clan afin de déterminer qui viendrait à l’assemblé. Nuage Fou et la mère de la rouquine ne viendrait pas, mais Nuage Indomptable sera de la partie. Tant mieux pour elle : elle n’avait vraiment pas envie d’aller à cette assemblé. On parlerait de Brise d’Automne. On lui poserait des questions. Elle devrait se souvenir. Et elle n’en avait vraiment pas envie.

- Mes amis... Nous n'annoncerons à cette Assemblée, je le crains, que de tristes nouvelles. Il ne faut pas cependant que les autres Clans devinent notre abattement, qu'il soit physique ou moral. Je vous demanderais donc de bien faire attention à vos gestes et vos propos et de surveiller les apprentis. Nous ne devons pas leur faire croire que nous sommes plus faibles que d'ordinaire ! Soyez courageux, chats du Vent. Tout cela ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir.

La jeune chatte remua des moustaches, soudain stressé. Elle devrait en plus sourire ? elle préférait encore ne parler à personne. Pendant que son frère se lissait le pelage en vitesse, sa mère l’aida à nettoyer le sien. Puis la chef annonça le départ et tous partirent.

Le chemin fut à la fois long et cours jusqu’aux quatre chênes. Afin de ne penser à rien, Boule Angélique s’était uniquement concentré sur le sol, afin de ne pas tomber et donc de ne pas se laisser distancer. En arrivant, l’odeur d’un clan lui parvint. Ça sentait les bois, et la terre, la rouquine en conclu donc qu’il s’agissait du Clan du Tonnerre. Le clan passa sous des buissons afin de parvenir aux quatre chênes. Les guerriers se prenaient toutes les branches, mais les apprenties, d’une taille inférieure, passaient largement sous les ronces.

Arrivée de l’autre côté, Boule Angélique s’assit. L’odeur d’Etoile des Illusions s’éloigna en direction des arbres et d’une autre chatte, sûrement la chef du clan du Tonnerre. La rousse inspira à fond, imprima son odeur dans son esprit afin de pouvoir la reconnaitre puis continua son travail. Des chats de l’autre clan se trouvaient un peu partout, regroupé en petit groupe. L’odeur de la bile de souris des anciens se trouvait au même endroit. L’odeur de la mousse des Guerriers étaient regroupé en un autre groupe. Enfin, les apprentis était un peu partout, suivit par les senteurs de la mousse et de la bile de souris. Les tâches d’apprenti.

Le clan du Vent commençait à s’éparpiller. Nuage Indomptable, qui était là pour la première fois, restait assis bouché bée, impressionner. Puis il est parti avec un camarade parler aux autres. Boule Angélique, elle, a préféré rester dans l’ombre, attendant. Et en parlant d’ombre, le clan de l’Ombre venait de faire son entrer, apportant son odeur putride du chemin du tonnerre avec lui.

Les chats se mélangèrent aux autres, et le chef rejoignit les autres sur le rocher. Il ne manquait plus que le clan de la Rivière, et l’assemblée pourrait commencer. Boule Angélique avait bien envie de se faufiler sous les buissons puis de repartir au camp. Personne de la remarquerai. Mais si la chef l’appelait pour témoigner, alors on remarquera qu’elle n’est pas là. Et soit la chef passerait pour une idiote qui ne sait pas qui elle invite à l’assemblé, soit le clan passerait pour un ramassis de chat froussard. Et puis, elle savait qu’elle n’était pas toute seule. Nuage du Lièvre devait bien être quelque pars par là.

Caprice des Comètes eut un réveil difficile. Ballotée entre sommeil et éveil comme un chaton prit dans la tempête des flots d'un fleuve, elle mit quelques minutes avant d'ouvrir complètement les yeux. Elle secoua ses moustaches pour stabiliser sa perception de l'espace. Il faisait encore noir et de nombreux guerriers sommeillaient dans le gîte.

Après une toilette méticuleuse de sa fourrure striée, elle décida d'aller prendre l'air en solitaire hors du camp. C'est alors qu'elle croisa sa chef, Étoile des Illusions, le regard voilé et les muscles vidés de leur habituelle énergie. La chatte grise et noire aux yeux d'or fit un crochet par la pile de gibier et, finalement, vint partager un lapin avec sa supérieur. Les deux femelles n'échangèrent pas un mot, et la peine de l'une semblait se refléter dans les prunelles de l'autre.

Une poignée de jours auparavant, Brise d'Automne avait été assassiné. Ou plutôt réduit en lambeaux de chair pourpre par un inconnu qui s'était introduit sur leur terres. Trop de question trottaient dans la tête de la lieutenante. Qui était assez fou pour s'en prendre à un guerrier adverse sur son territoire ? Celui du Vent en plus, a découvert, nu, exposé aux bourrasques ! Qui opérait ainsi, en quelques secondes, en silence et avec précision, afin que personne ne sache rien ? Qui prenait le risque d'être retrouvé alors que l'Assemblée approchait ?!

L'Assemblée. Caprice des Comètes avait failli oublier que la lune arrivait déjà au milieu de son cycle éternel. Elle pesta en terminant le lapin. Il faudrait revoir tout les autres Clans, leur annoncer les morts et tout le bazar habituel... Mais surtout cette fois plus question de se justifier: c'était au Clan du Vent de mener la danse. Car en réalité depuis quelques temps, ces rendez vous ne servaient plus aux tribus qu'à s'observer les unes les autres, à chercher une interprétation, un sous-entendu aux paroles de quiconque ouvrirait la gueule - chefs comme apprentis insouciants. Une trêve sacrée pour mieux préparer les guerres.


Le noir de la nuit diluait déjà les couleurs chatoyantes du crépuscule quand Caprice des Comètes se rendit au Promontoire avec Étoile des Illusions, pour donner de brèves instructions au Clan.

- Mes amis... Nous n'annoncerons à cette Assemblée, je le crains, que de tristes nouvelles. Il ne faut pas cependant que les autres Clans devinent notre abattement, qu'il soit physique ou moral. Je vous demanderais donc de bien faire attention à vos gestes et vos propos et de surveiller les apprentis. Nous ne devons pas leur faire croire que nous sommes plus faibles que d'ordinaire ! Soyez courageux, chats du Vent. Tout cela ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir, annonca la meneuse.

Caprice des Comètes couvait ses camarades du regard. Chacun semblait triste, absorbé et plein de mélancolie, mais tous furent parcouru d'un frisson d'orgueil lorsque leur cheffe leur demanda de rester digne. La lieutenante redressa la tête. Le Clan du Vent aurait toujours son mot à dire, quoi qu'en pense les autres.

Ils se dirigèrent tous vers la sortie, la lieutenante grise et noire en seconde place dans la file. Elle s'aperçut alors que - depuis la mort de Brise d'Automne -, il lui semblait que le museau de chaque membre du Clan empestait encore l'odeur métallique du sang du défunt. La marque d'un dernier hommage symbolique qui ne voulait se détacher de leur visage.
Comme un signe macabre qui annoncerait la couleur aux autres tribu avant même que l'Assemblée ne commence.
Un frisson imperceptible agita l'échine de la chatte et elle continua sa route, son regard doré faisant des aller et retour sur l'horizon.

Arrivés sous le couvert des Quatre Chênes, Etoile des Illusion et Caprice des Comètes continuèrent droit devant en direction du Rocher, alors que le reste du Clan bifurquait vers le centre de la clairière. La lune brillait haut dans le ciel, les étoiles semblaient encore plus inaccessibles que d'habitude. De simples points brillants immobiles, ses astres qui à l'habitude scintillent et animent le ciel nocturne. Pas un brin d'air, pas un murmure de la nature même, par moment. La lieutenante rayée se sentit vaguement mal à l'aise. Peut-être était-ce son imagination, mais l'atmosphère qui régnait sous l’œil des guerriers de jadis lui paraissait différente. Elle s'ébroua. Étoile des Illusions la frôla en jetant un coup d’œil aux autres Clans.
La cheffe du Vent bondit avec grâce sur le perchoir des meneurs, sur son visage flottant comme un air lointain, que seuls ceux qui connaissaient bien la femelle tacheté pouvait décrypter. Caprice des Comètes inspira brièvement, gardant un œil sur sa supérieur. L'heure n'était pas à la défaillance. Chaque mot comptait.
La lieutenante s'assit et attendit l'ouverture des débats.

Le cœur léger, je rentrai au camp après mes devoirs finis avec la patrouille du midi. L'herbe fraîche glissait sous mes coussinets et l'odeur alléchante du mulot dodue que j'avais chassé me torturait le ventre. Je n'avais pas mangé ce matin. Il était venu très tôt pour encore me dire des choses assez inutiles à mon goût. Enfin, quand le soleil pointa son museau il s'éclipsa sans dire un mot. Comme d'habitude. Je soupirai. Il m’exaspérais. Parfois, je me demandais d'où il venait.

Je rentrai au camp, suivit du reste de la patrouille. Alors ? Comme ça je t’exaspère et ce que je te dit est inutile? Exactement, tu comprend vite. Lui, c'est Gerald, un esprit qui me rend visite parfois. Ou alors le fruit de mon imagination. Si c'est cela, c'est bien plus inquiétant. Enfin bon, tant qu'il ne me manipule pas tout va bien. Tu te souviens que ce soir il y a l'assemblée ? Pas impor... Quuoi ?! Honteuse, les guerriers me regardaient perplexe alors que je venais de hurler. J'avais totalement oublier que ce soir, les quatre clans se réuniraient. Et encore une fois, l'ambiance serait animée... Oui... Je détestais ces réunions très... Frustrante. Enfaite, j'avais horreur de voir d'autre Clans reprocher à d'autres des crimes qu'ils n'avaient pas commis pour provoquer une guerre et ainsi gagner un peu de territoire. Non ne devrions jamais non battre. Mouai... Mais c'est pas mal de s’échauffer les griffes parfois tu sais !! Tu vas rouiller !! Je serais capable de défendre mon clan au péril de ma vie. Je me suis donné corps et âme pour que la prospérité gagne notre clan. Je viens enfin de réussir. Je soupirai d'une joie immense. Oui, je pense que le Clan de la Rivière est à son apogée.

L'air s'engouffrait dans la tanière, caressant de sa main froide mon pelage d'argent. Dans un frisson, je m'étirai et étouffai un bâillement. C'était l'heure. Je priais de tout cœur pour que le Clan de l'Ombre n'inventent de balivernes comme quoi nous chassons sur ses terres. Ce qui est faux bien entendu !! On pourrait même dire que nous sommes submergés par le gibier. Les rivières foisonnent de poisson et les berges de divers oiseaux pêcheurs. Je sautais sur le promontoire, encore plongée dans mes rêvasseries. Je me léchai les babines et miaula:

«Avant de partir pour cette assemblée, je voudrais vous parlez de quelques règles. Quoi qu'il en sois, ne vous vantez pas d'avoir du gibier à l'abondance. Et surtout, ne demandais à personnes d'autres explications sur ces histoires qui circulent en ce moment. Sinon, oh, sinon, vous le regretterez !»

Quelques mesures de sécurité. Beaucoup de ragots trèès intéressant parvenaient au oreille de mes chers compagnons. Pas toujours rose. La vie au camp n'étant pas très mouvementée, ces commerages était le seul sujet de discussion des félins. Mais je ne savais de quoi il était question. Je ne m'y intéressait peu.

Après être descendue du promontoire, je me dirigeais vers le sortie suivit de ma troupe.

Longeant la berge, le déclin du soleil formait des ombres menaçantes sur l'eau tranquille, la colorant de ses rayons mourant d'un sang céleste. Comme tout les soirs, il allé se repentir dans sa tombe laissant place à son bourreaux, la lune avant de lui échapper au petit matin. Arriver enfin au petit pont, nous arrivâmes dans la forêt. Un drôle de frisson me parcourut. Vingt lunes plus tôt je fut retrouvée inconsciente à deux queues d'ici. Avec cette chatte, que parfois, j'allais rendre "visite". Tu penses encore à elle alors que tu la connais même pas ? J'avais perdue la mémoire, elle seule savait peut-être qui j'étais... Malheureusement, elle erre... Peut-être avec le Clan des Étoiles. Je pense pas... Moi non plus.

Nous surplombâmes l'assemblée. Du haut le la colline, je voyais déjà les chats s'agitaient dans la clairière. les trois autres Clans étaient déjà là. J'arrivai en retard. Étant la plus vielle des chefs, j'avais horreur d'être toujours la dernières !! Une peu agacée, je dévalai la bute avant de piquer un sprinte et de bondir sur le promontoire. Avec un geste d'excuse pour mon retard, je demandai, encore essoufflée:

«Nous sommes au complet !! Si quelqu'un à envie de commencer...»

La pleine lune. C'était maintenant. Elle devait partir pour les quatre Chênes. Etoile de la Salamandre avait bondi sur le Promontoire et ordonné à tous de faire attention à ce qu'ils pouvaient dire. En revenant dans son antre afin de faire les derniers préparatifs, la guérisseuse pésta. De toute façon, chacun savait que l'Ombre n'était pas un Clan d'anges. Mais bon, les paroles du chef devant être respectée, personne ne dirait rien de mal et ne chercherait à attirer la haine de tous, bien que ce soit en majorité déjà fait.
Elle vérifia que tous ses tas étaient en ordre et fila chercher une reine afin qu'elle garde sa tanière en ordre. La seule qu'elle appréciait à peu près pour son fichu caractère.

- Nuée d'Hirondelles, tu peux garder mes plantes ? Merci c'est gentil.

Sans attendre sa réponse elle fila à la suite d'Etoile de la Salamandre, accompagnée par Nuage de Morphée, sa jeune novice. Devenue apprentie guérisseuse il y a peu, cette dernière avait du mal à se faire acceptée de sa mentor égoïste. Une boule de poils dans les pattes, très peu pour elle. Cependant elle se devait de se la traîner même ici. Si seulement elle n'était jamais venue au monde... Enfin, c'était comme ça n'est-ce pas ?

Peu de temps après, ils arrivèrent en vue des arbres majestueux, fièrement dressés au dessus de la plaine. Les odeurs du Vent et du Tonnerre étaient déjà présentes. Harmonie sourit. Ses "camarades" semblaient avoir peur de descendre la pente. Elle n'attendit pas davantage et d'un signe de la queue invita Nuage de Morphée à la suivre, sans le signal du meneur qui ne sut tarder. Elle était trop entreprenante ? Et alors ? Elle faisait ce qu'elle voulait et corrompre la novice en faisait partie. Un peu comme elle jadis avec Danse des Esprits.
Arrivés dans la clairière donc, les apprentis et guerriers présents se divisèrent pour aller bavarder avec les autres félins. Poussière de Roche, la lieutenante, le chef ainsi que la guérisseuse et son apprentie s'avancèrent en direction du rocher. Les deux autres meneuses saluèrent les nouveaux arrivant en même temps qu'Etoile de la Salamandre les rejoignait. Les autres lieutenants en firent autant et la chatte tigrée alla s'asseoir près d'eux. Harmonie et Nuage de Morphée s'installèrent à l'opposé, guettant la scène.

La femelle noire et blanche se contentait de prier pour qu'elle n'ait aucune douleur durant l'Assemblée, sinon elle s'en prendrait plein la figure. D'ailleurs, un sourire mauvais se dessina sur ses babines alors qu'elle sentait la frustration chez certains membres du Clan du Vent.

* Imbéciles... *

Les injures et elle faisait un. Mais quand elles étaient dirigées contre elle...
Le Clan de la Rivière arriva et la cérémonie commença. Les chefs allaient échanger leurs nouvelles, on annoncerait les naissances, les nominations de guerrier, lieutenant ou encore novices qu'importe. Pourvu que cela se passe vite : la guérisseuse était impatiente de rentrer avant que son ventre ne fasse des siennes. Mais rien n'était moins sûr, aussi attendit-elle patiemment que les meneurs prennent la parole.

PS : Mon Flash-Back n'est pas gênant ? Non parce que vous inquiétez pas, ça n'a aucune influence sur le futur, si ce n'est qu'Ambre y pensera jusqu'à ce que l'assemblée soit finie. Après elle oubliera, simplement. o/

L'Hiver avait enfin été balayé par le vent doux du Printemps. Brume d'Harmonie le laissait paresseusement jouer dans sa fourrure d'argent aux motifs rappelant les tâches d'un léopard. La jeune reine couchée sur le flanc, les yeux mi-clos savourait la fin de la dure saison. Chaque hiver amenait son lot de tristesse sur le Clan du Vent. Il chassait les proies et privait les chatons d'une enfance heureuse avec leurs parents. Brume avait beau tout faire pour l'empêcher, même si elle courait de plus en plus loin, jusqu'aux limites du plateau, pour trouver de la nourriture, les chats mouraient. Brume ne pourrait jamais lutter contre. Il faudrait de nombreuses lunes pour que la chaleur qui lui réchauffait avec délice le corps atteigne son coeur blessé.

Alors lorsqu'elle avait entendu les cris d'un chaton, Brume d'Harmonie s'était relevée immédiatement pour courir vers lui. Mais elle était arrivée trop tard. Encore. La reine avait vu ce qu'il restait du chat. Exposé là, sans pudeur, dans la lumière cru du Printemps. Témoin muet d'une explosion de violence. Derrière l'odeur du sang, Brume d'Harmonie avait reconnu celle de Brise d'Automne. Même si, comme tout les chats du Vent, elle ne le connaissait que peu l'horreur de sa mort la frappait. Le sang appelle le sang. La reine voulait connaitre la vérité et que le coupable soit châtier. Alors elle se joignit aux miaulement malheureux que ses compagnons adressaient au ciel et vint dire une dernière fois au revoir à Brise d'Automne. Maculant son museau de rouge.

Brume d'Harmonie s'était ensuite isolée sur le plateau. Qui? Qui pouvait faire ça? Un monstre pareil. Un monstre qui pourtant avait épargné un chaton. Parce qu'il savait qu'elle était aveugle? Un soupçon s'immisçait dans son esprit. Il trouvait un écho dans le fait que personne n'avait pu remonter la piste du tueur. Brume secoua la tête en pensant qu'aucun membre du clan n'était couvert de sang. Et elle n'imaginait pas que le coupable est pu éviter de se... salir. Mais il y avait la rivière qui coulait en contrebas. Brume se leva et tourna en rond ne sachant que faire pour chasser ses idées noires. Non, le fautif ne faisait pas parti de son Clan !

Le souffle de Brise d'Automne avait rejoint le vent qui soufflait sur le territoire. Si seulement il avait pu lui chuchoter la vérité. Mais il n'y avait que le miaulement d'Etoile des Illusions qui lui parvint. Alors, une fois encore, elle se précipita le coeur battant vers le camp. Mais cette fois parce qu'elle savait que c'était l'annonce de la première assemblée depuis qu'elle était devenu une guerrière.

- Mes amis... Nous n'annoncerons à cette Assemblée, je le crains, que de tristes nouvelles. Il ne faut pas cependant que les autres Clans devinent notre abattement, qu'il soit physique ou moral. Je vous demanderais donc de bien faire attention à vos gestes et vos propos et de surveiller les apprentis. Nous ne devons pas leur faire croire que nous sommes plus faibles que d'ordinaire ! Soyez courageux, chats du Vent. Tout cela ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir, annonca la meneuse.

Comme elle avait été choisie Brume suivit le mouvement en direction des Quatre Chênes. Elle se composa sur le chemin un masque de dignité. La reine comprenait sa chef, ils ne pouvaient pas se permettre que les autres Clans les frappent encore. Perdue dans ses pensées elle arriva sans s'en rendre compte et parti de son côté. Brume ne se sentait pas très à l'aise, elle détestait se sentir aussi faible. Elle aperçu du coin de l'oeil une chatte sentant le lichen et le bois détrempé qui faillit percuté un chaton de son Clan.

« - Pourquoi ne rejoins-tu pas les autres ? »

- Un problème?

Elle s'approcha de la femelle rousse et du petit. Boule Angélique. Même si Brume d'Harmonie ne parlait qu'à peu de membres du clan, elle connaissait le nom de chacun. Elle avait parlé sur un ton calme presque doux et observait maintenant la femelle du Tonnerre. Elle ne paraissait pas hostile juste un peu curieuse et étonnée. Brume tendit une patte vers Boule Angélique pour qu'elle sache où elle se trouvait et lui dire de se rapprocher d'elle.

- Boule Angélique, ne restes pas dans l'ombre. Tu risques de te faire vraiment percuter.

L’effroi… La peur… Les sentiments que j’ai toujours connu. Malgré les efforts que j’ai fait, tout me faisait peur. Alors imaginer vous, le jour de la mort de mon mentor, la peur j’ai eu ! Ce fut tellement horrible... Même la douce voix de ma compagne qui essayait de me réconforter n’y faisait rien.
- Nuage du Lièvre, il faut que tu ailles voir !
Mais comment ?! J’avais entendue le cri strident de Brise d’Automne et l’odeur du sang venait déjà chatouiller mes narines. Je ne pouvais pas bouger, Boule Angélique se tordait au sol, essayant désespérément de se boucher les oreilles mais les cris était tellement fort et tellement horrible que rien ne pouvais nous empêcher de les entendre. La pauvre petite gémissait, enfin je le faisais aussi mais ça c’est normal, je le fait tout le temps. Maman… Mon dieu… Que quelqu’un arrête se massacre ! Je n’en pouvais plus, j’en avais mal au ventre, je voulais vomir, je voulais hurler, je voulais le sauver… Mais je ne suis qu’un lâche je n’y arriverais jamais tout comme j’ai laissé mon père mourir.
- NUAGE DU LIÈVRE !
Hein ? Boule Angélique, je suis tellement désolé… Tremblant de peur, la fourrure trempé de sueur, je parvins à lui accorder une léchouille entre les deux oreilles puis, d’une démarche traînante je pénétrai dans les sous bois. Le moindre bruit me faisait sursauter, même le chant des oiseaux. L’odeur du sang se faisait de plus en plus forte et, bientôt, je compris que le corps de mon mentor était derrière se buisson. Je restai là un moment, silencieux, puis je franchis la barrière. Le sang baignait la clairière tout entière. Le corps avait été massacré et son ventre ouvert dans une plaie béante. Je m’allongeai dans l’herbe souillé, tout contre lui et je pleurai, je pleurai, je hurlai, tout les larmes de mon corps roulèrent dans une souffrance épouvantable.
A présent vous pouvez vraiment vous demander pourquoi vous êtes toujours en vie et pas lui.

~ ◘ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ◘ ~

Le cauchemar était permanent. Seul dans le clan, personne ne prêtais attention à moi. Je restai seul dans mon coin, à l’ombre de la barrière de ronce. Plus personne ne voyait l’éclat orangé de mes yeux, il était à présent fermer. Je ne pouvais plus les ouvrir, la vie n’était pas belle à voir.

Les jours passèrent, les visions de sang ne partaient pas pour autant. Je n’avais pas mangé depuis sa mort, je n’avais pas faim. Personne ne me parlait de peur de me faire de la peine. Je devais passer pour un chaton mais c’est ce que j’étais. Je n’étais pas grand dans ma tête, je n’étais pas encore mûre. J’étais bête, je ne suis qu’un fardeau.

Je savais qu’aujourd’hui avait lui l’assemblé, j’avais entendu quelque guerrier en parler. Je priais de tout mon cœur, j’espérais vraiment que je ne fasse pas parti du cortège. Je ne voulais pas bouger, je voulais planter mes racines ici. Je ne voulais plus revoir le monde extérieur, ne plus jamais ouvrir les yeux. Et pourtant il a fallut qu’Étoile des Illusions monte sur son promontoire et prononce les paroles que je ne voulais pas entendre.
- Mes amis... Nous n'annoncerons à cette Assemblée, je le crains, que de tristes nouvelles. Il ne faut pas cependant que les autres Clans devinent notre abattement, qu'il soit physique ou moral. Je vous demanderais donc de bien faire attention à vos gestes et vos propos et de surveiller les apprentis. Nous ne devons pas leur faire croire que nous sommes plus faibles que d'ordinaire ! Soyez courageux, chats du Vent. Tout cela ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir.

Bein voyons. Courageux ? Foutaise ! Il n’y a que les simples d’esprits qui peuvent faire comme si de rien n’étais. Un mauvais souvenir ? Heureusement ! Qui pourrait se réjouir de la mort d’un si valeureux guerrier à part le chat qui la massacré ? Des paroles pour ne rien dire ! Cette chef utilise vraiment sa salive pour rien !

Fait exprès, je fus choisit pour aller à cette assemblé. Je n’irais pas. Je ne bougerai pas. Soudain, j’entendis la voix de Boule Angélique. Alors elle aussi elle y va ? Alors peut être que… J’ouvris un œil, puis l’autre. Oui elle y allait bien ! Avec Nuage Indomptable. Elle regarda un instant le camp puis suivit le groupe. J’attendis que le groupe s’éloigne pour prendre place au dernier rang. Personne ne me vit, personne ne me sentit. Je passais donc le trajet à épier tout le monde. Leur démarche traînante prouvait bien qu’il était très affecté. Je n’étais donc pas le seul…

Le voyage se termina vite. Tant mieux. Il restait donc à se montrer devant tout le monde. Et si un lapin surgissait ? Je risquerai de me ridiculiser devant tout le monde…. En plus je déteste me montrer devant tout le monde ! Tous ses regards qui se posent sur moi… Tient, que fais cette chatte ? Elle parle à un…. Buisson ? Non je vois une petite forme rousse que je connais si bien… Boule Angélique. Mais cette chatte… Il me semble que l’odeur est celle du clan du tonnerre. Je me faufilai derrière un buisson afin d’arriver dans le dos de la petite.
- Pourquoi ne rejoins-tu pas les autres ?
C’était la femelle du clan du Tonnerre qui avait posée cette question. Boule Angélique n’ut même pas le temps de répondre car Brume Harmonieuse, une reine de mon clan s’approcha, elle aussi alertée par le comportement de la guerrière rousse.
- Un problème ? miaula t-elle.
Cette fois je m’avançai et me plaça contre la futur apprentie. J’essayai de regarder dignement la guerrière grise tacheté mais son regard perçant me fit frissonner. Elle me regarda un moment puis s’adressa à Boule Angélique :
- Boule Angélique, ne restes pas dans l'ombre. Tu risques de te faire vraiment percuter.
Je me frotta contre elle et la poussa un peu plus loin, sans pour autant sortir des fougères.
- Viens Boule Angélique.

[Je répond bientôt avec Séré' ;) ]

• Étoile des Pluies ;

Muette, Étoile des Pluies s’était contentée de regarder les autres Clans arriver. Les Chats étaient nombreux, et dévalaient la pente qui menait au cœur des quatre chênes, comme un flot incessant, comme une vague géante qui s’emparait de la place qui ne tarda pas à être remplie. La meneuse du Tonnerre les regardait, toutes ces vies, toutes ces personnalités différentes. Et elle se rendit compte à quel point elle se sentait pourtant proche de chacun d’eux, de n’importe quel Clan ils étaient. Ils se ressemblaient tellement, et au fond, qui aurait pu nier qu’ils étaient les mêmes ? Et la vie avait pourtant fait qu’aujourd’hui, rien ne semblait plus les lier aux autres Clans. Chacun ne vivait que pour son Clan, pour qu’il grandisse et que les autres faiblissent. Chacun vivait pour assouvir son envie de pouvoir, augmenter l’influence de son Clan. Sur le coup, cela attrista un peu la meneuse qui se ravisa. Sans Clans ils n’étaient rien. Et la vie serait-elle vraiment trépidante s’ils n’étaient pas ennemis ? Alors son cœur s’enveloppa d’un baume de chaleur. C’était leur destinée. Séparés mais ensemble. C’était dur à expliquer, mais Étoile des Pluies savait que c’était la plus belle chose qui ait pu leur arriver. Et sans Clans, pas de coutumes. Rien, une vie morne de solitaire. Alors elle ferma les yeux et attendit que tous les chats se soient installés.

Les trois autres chefs l’avaient saluée d’un mouvement de tête respectueux, auquel elle avait répondu de même manière, sans mot dire. Elle les avait à peine regardés s’installer, se contentant de fixer sa Lieutenante, le regard un peu vide. Ce fut Étoile des Illusions qui commença à parler. Quand elle parla de la famine, des morts, la chef du Tonnerre ne fut guère étonnée. Leurs corps étaient incroyablement maigres, et leurs os saillaient sous leurs pelages ternes. C’était souvent le cas au Clan du Vent, l’hiver était bien plus rude qu’au Tonnerre ou à la Rivière. Mais cette année avait été visiblement bien plus dure que les précédentes. Tous les chats avaient maigri, perdu de leurs forces, mais le Clan du Vent était de très loin le plus affaibli, suivi du Clan de l’Ombre. Et finalement, Étoile des Pluies constata que son Clan n’était pas le plus à plaindre. Ce qui la choqua en revanche, fut le récit de l’assassinat de Brise d’Automne. Quel Clan avait pu commencer un acte d’une telle violence ? Frappée par des souvenirs sanglants, Étoile des Pluies était pétrifiée. Et elle constata avec attention qu’Étoile des Illusions luttait pour garder le plus de sang-froid, ce qu’elle apprécia. Elle ne l’aurait peut-être pas cru capable de cela, effectivement. Puisqu’elle la connaissait plutôt comme … Une chatte très impulsive. Mais peu importe, l’important était ce qu’elle venait de dire. La meneuse du Vent balayait l’assemblée de son regard doré, qui s’arrêta vers le coin des guérisseurs. Étoile des Pluies se demanda pourquoi et intérieurement, elle haussa les épaules et ne remarqua pas le ventre un peu trop gros d’Harmonie des Enfers, la guérisseuse de l’Ombre. Une fois qu’Étoile des Illusions eu terminé de parler, elle revint s’asseoir à sa place et la meneuse du Tonnerre se leva avec assurance. Elle allait parler, c’était son tour. Alors majestueusement, elle s’avança et balaya l’air de sa queue. Elle allait annoncer de bonnes nouvelles mais comme à son habitude, gardait ce regard dénué de sentiments et ne souriait pas.

« Le Clan du Tonnerre est sincèrement désolé pour ce qui est arrivé à Brise d’Automne, et espère que le meurtrier sera très vite retrouvé et puni. Paix aux âmes de ceux qui ont quitté le Clan du Vent trop tôt, ils sont entre les pattes des Étoiles maintenant. »

Sur ses paroles, Étoile des Pluies marqua une pause et regarda le ciel. Il était dégagé, vierge de tout nuage, et d’un bleu noir si profond que la chatte faillit s’y perdre un moment. Mais elle reprit ses esprits. Le temps n’était pas aux rêveries, surtout pas. Fixant à nouveau l’Assemblée et laissant son regard divaguer d’un bout à l’autre, elle poursuivit.

« De notre côté tout va bien, pour le moment. Nous nous remettons peu à peu de la saison des neiges, et le beau temps à fait revenir le gibier sur notre territoire. Nous avons deux nouveaux apprentis, Nuage Immortel dont je suis le mentor et Nuage Ambré, notre apprentie-guérisseuse. La chasse est bonne et les entraînements reprennent de plus belle. Le Clan du Tonnerre reste fidèle à lui-même, et je n’ai plus rien à ajouter. »

La meneuse recula, satisfaite de pouvoir montrer que son Clan allait bien. Et bien qu’il n’y ai pas de guerre en vue ni de tensions entre les Clans ces derniers temps, c’était indirectement une alerte pour décourager quiconque qui oserait venir les affronter. Ils étaient forts, et Étoile des Pluies était fière de son Clan. Elle leur adressa un regard qui brillait d’une lueur rare, qui s’éteignit presque aussitôt. Mais eux l’avaient vue, cette lueur. Et ils connaissaient leur chef. Ils savaient que c’était bon signe, tant il était rare de voir de la vie quelque part dans ce qu’Étoile des Pluies montrait d’elle-même.

Alors ils pouvaient aller en confiance, avec elle à leur tête. Peu importe ce qui arriverait, le Clan du Tonnerre ressortirait vainqueur.

Au pied des arbres majestueux, s'élevant au - dessus de tous les autres, les chats attendaient. Ils étaient au grand complet et la lune était là, ronde et laiteuse, présence bienveillante et surveillant attentif. En souriant, Harmonie se fit la réflexion qu'il se pouvait que ce soir, elle se voile. Simple intuition de guérisseuse. Mais qui sait, peut-être avait-elle raison.
Avant que les chefs ne parlent, un brouhaha s'éleva. Chacun discutait avec son voisin et personne ne s'attendait à ce qui allait venir.
Etoile Ironique prit la parole. Aux yeux de la femelle bicolore, elle n'était rien. Effacée, insignifiante. Elle ne comptait que pour du beurre et, elle ne prêta guère attention à ce qu'elle avait put dire, sachant parfaitement que l'Assemblée commençait enfin. Ca allait être le déluge des "le Clan se porte bien, la chasse est bonne" et patati et patata. Naturellement, ils ne voulaient pas se placer en faibles et risquer des attaques ennemies. Ils n'assumaient.

L'oeil de la reine avisa Etoile des Illusions qui s'avançaient. Elles se détestaient sans vraiment s'être parlées, mais chacune voyait en l'autre son parfait contraire. La meneuse était à cheval sur le code du guerrier instauré par ses ancêtre débiles. Quant à la guérisseuse, elle méprisait les guerriers de jadis et se foutait ouvertement des règles. Ca ne pouvait que donne des étincelles.

 « Dans le Clan du Vent, nous avons baptiser plusieurs apprentis. Il s'agit de Nuage de Lièvre et Nuage de Myosotis, tous deux présents aujourd'hui. »

Tous les acclamèrent, scandant leur noms comme si c'était la première fois qu'un apprenti se pointait après son baptême. Seules deux ne félicitèrent pas les novices et restèrent de marbre : Nuage de Morphée et sa mentor.
Finalement, la reine et son apprentie se ressemblaient beaucoup.

Cependant, ce sont -je le crains- les seules bonnes nouvelles que nous avons à porter. Nombre de nos anciens et de nos chatons sont morts. Que ce soit de froid, de faim ou même du mal vert pour certains... L'hiver n'a pas été clément avec nous, cette année.»

Harmonie des Enfers se pencha sur sa novice en murmurant que de toute façon, le Clan du Vent était composé de faibles. Le froid les tuait et c'était tant mieux. Elle les haïssait. Allez savoir pourquoi, elle n'aimait pas voir ces rats courir après des queues blanches.
Le regard de la chef se balada sur l'Assemblée, comme pour laisser à tous le temps de digérer des nouvelles plus douces que ce qui allait venir. Sa voix résonna, inquisitrice.

Mais plus tragique encore.. Brise d'Automne a été assassiné. Et pas des plus tendrement. Après ce meurtre, plus aucune proies n'a été présente durant des jours et des jours. Et elles sont encore très rare : l'odeur du sang se trouve encore sur les lieux du crime. Nous sommes persuadés que ce n'est pas un chat errant qui ai commis ce crime... A moins que ce ne soit un fou furieux, il n'aurait eu aucune raison de tuer notre guerrier. Moins encore aussi... sauvagement. De plus, Nuage de Lièvre et Boule Angélique ont assisté à la scène - ils étaient en patrouille avec Brise d'Automne lorsque ça s'est passé. Malheureusement, avec les cris de la victime, l'odeur du sang et la peur qui les tétanisaient, ils n'ont pas vu le coupable. Mais celui-ci avait l'air de bien connaître le territoire - nous n'avons trouvé aucune trace et il a forcément pris au piège Brise d'Automne pour mettre fin à ses jours aussi méchamment.. Ainsi, il connait les lieux les plus stratégiques de notre territoire. Ce n'est donc pas la première fois qu'il vient, et nous n'avons senti aucune odeur de chat errant depuis des lunes.Je ne veux accuser personne. Je vous explique juste les faits, et nos conclusions pour l'instant. Mais le Clan du Vent n'en restera pas là. Si nous retrouvons le meurtrier, qu'il soit solitaire ou non, il regrettera son acte. »

Les yeux de la cheffe brûlaient d'une lueur que connaissait bien Harmonie : la haine, la colère. Puis ses prunelles se dirigèrent vers le rocher des guérisseurs où naturellement elle ne trouva que trois des quatre "collègues". Alors elle regarda à l'opposé et leurs yeux se croisèrent.
Un sourire narquois étira les lèves de la reine noire et blanche. Cependant, l'autre s'attarda sur son ventre, s'attirant un grondement de la part de son sujet d'observation.
Enfin, elle revint à l'assemblée de félins, quittant la belle chatte. Celle-ci se pencha à nouveau sur Nuage de Morphée.

- Des menaces ? Eh bien... elle a du culot ! Méfies-toi toujours d'Etoile des Illusions. Cette chef là est à cheval sur les règles... beurk ! ça me dégoûte.

Et c'est alors qu'elle sentit que les choses allaient mal se passer. Le vent apporta l'odeur d'un solitaire, peu de temps après qu'Etoile des Pluies ait apporté son soutien au Vent et annoncé que son Clan se portait très bien. Cette odeur, elle n'y fit pas attention, trop absorbée par ses réflexions.
Quand elle le vit, son coeur manqua un battement, mais elle ne fit pas un mouvement. Les muscles de son visage restaient détendus et elle n'esquissa pas le moindre geste, le moindre sourire. Elle restait de marbre en contemplant ce solitaire qui avait fait irruption dans l'Assemblée. Il la fixait trop intensément et le lapin entre ses pattes venaient des terres du Vent et manifestement était pour elle.
Ca allait chauffer pour son matricule. Et qui sait ce qu'il adviendrait de la guérisseuse.