NUAGE AMBRÉ.
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feat Libre.

Tu as passé une nuit encore étrange, ignorant pourquoi. Tu aimerais savoir pourquoi ces derniers temps, dans les bras de Morphée, on s'amuse à te troubler. Encore jeune, tu ne comprends pas tout à la vie et encore moins à ce qui t'arrive. Tu te questionnes ; pourquoi est-ce toi que le destin a choisit ? Était-ce nécessaire pour les ancêtres que tu aimes tant, qu'ils puissent te parler réellement ? Car tu le sais mieux encore que tout le monde, tu as un don particulièrement étrange, te permettant d'avoir quelques visions. Un don qui n'est pas toujours bénéfique, comme quand tu as su que l'ami le plus cher que tu avais allait être emporté par la maladie. Tu étais alors déjà apprentie guérisseuse ; enfin, tu l'étais depuis quelques jours à peine. Malgré ce peu d'expérience tu t'en es toujours voulu et selon toi, tu étais impardonnable. Les regrets te rattrapaient. C'est à ce moment que tu avais promit d'être plus sage, plus forte et plus confiante, mais aussi que ton implication dans tes travaux de guérisseuse seraient d'autant plus sérieux, pour éviter de décevoir un félin à nouveau.

Tu secoues la tête instinctivement, d'un mouvement vif. Tes yeux et les poils qui les entourent sont humides, et tu as encore quelques larmes glissant une à une sur le côté de tes yeux. Plic, plac, au sol les gouttelettes tombent. Ce bruit, cela fait longtemps déjà que tu ne l'as pas entendu ni prit la peine de le provoquer. La dernière fois remonte à loin déjà et tu ne voulais pas qu'il revienne prendre repos dans tes délicates oreilles.
Plic, plac, cela te rappelle ton enfance, lorsque tu jouais avec les gouttes de pluie, avec ton défunt ami, Nuage Rayé. Que de bons souvenirs qui t'emplissent de nostalgie, te faisant presque oublier cette sombre nuit que tu viens de passer.

Mais il te rattrape, le démon nuptial, et te conduit hors de ta tanière, hors même de ton camp. Tu avances, inconsciemment, la tête dans les nuages. Les nuages et les étoiles. C'est un peu étrange, puisque la pleine nuit, aucun nuage ne fait son apparition, tous craignent la rage des constellations présentes. Mais toi, tu ne crains pas cette différence. Tu penses trop pour te soucier de cette opposition.

Tes frêles muscles poussent tes pattes, tes lourdes pattes qui traînent dans la poussière bientôt recouverte d'un épais manteau blanc. Ton visage est vide d'expression, mais ton regard nous laisse découvrir de la nostalgie. Comment déceler un quelconque semblable sentiment pour un chat si jeune que toi ? C'est impressionnant cette façon que tu as de grandir trop vite, impressionnant mais nocif pour ta liberté de jeunesse. Cela ne te dérange pas pour l'instant, mais bien trop vite la réalité de la vie te rattrapera et cette fois-ci, ta nostalgie sera celle de ton enfance, dont tu n'auras pas assez profité.

Les nuages de poussière ne cessent de se former, le chemin déjà tracé, tu le parcoures sans trop d'obstacles, auquel cas tu les franchis d'un bond. Lorsque tu te réveilles enfin de ton inconscient sommeil, tu grimpes dans un arbre en te posant. Mais pourtant vite tu inclines la tête de droite à gauche, supprimant cette euphorie, cette bulle d'amertume.
Tu sautes, de branche en branche. Ce passe-temps que tu pratiques rarement, tu y es attachée. Ce poil qui vole, ce n'est pas la même impression qu'au sol. Le vent est plus frais, c'est un contact plus fort encore avec la liberté, dont tu ne profites pas assez d'une façon enfantine.

Puis, après maints sauts d'arbres en arbres, tu te poses plus ou moins brutalement sur le sol, les coussinets ayant un contact direct et vif avec la terre couverte de feuilles mortes. Tu arrives aux quatre chênes, un lieu ayant tellement de signification pour les clans que tu n'arriverais pas à toutes les citer. C'est tes pattes et ton esprit qui t'ont conduite ici. Tu espères, intérieurement, inconsciemment, trouver des réponses à ce rêve si vague que tu ne veux plus imaginer. Le survol de ces idées te suffisent amplement.