« La patience adoucit tout mal sans remède. »

Étoile des Souffles contemplait son Clan depuis le haut de son promontoire, et pourtant son regard paraissait étrangement vide. Cette nuit là avait été assez mouvementée pour la meneuse du Tonnerre, qui n’avait cauchemardé que de malheurs et de tragédies. Sans savoir pourquoi … Elle avait trouvé cela presque normal. Ces derniers temps, son sommeil était toujours hanté de monstres qui venaient l’effrayer, et il lui arrivait même de s’être sentie menacée. Vraiment. Ses deux prunelles jaunes fixaient le centre du Camp, tandis que sans qu’on lui demande son avis, une patrouille s’était organisée entre quelques guerriers. Même la Lieutenante n’avait pas eu son mot à dire. La féline tricolore soupira de désespoir. Qu’il était difficile pour Étoile des Souffles, de regarder vivre son Clan en voyant que personne ne voulait d’elle ! Parfois, elle en voulait à celui qui l’avait nommée Lieutenante. Pourquoi personne n’avait confiance en elle ? Pourquoi son Clan s’était-il si disloqué, simplement sous prétexte qu’elle était trop jeune ? La meneuse savait bien que tout ce que ressentaient ces guerriers, pouvait simplement se résumer à une jalousie qui les rongeait. Ils en avaient contre elle car elle possédait ce qu’ils n’avaient pas. Le pouvoir. Le droit de donner des ordres. Ses neuf vies. Mais pourtant, Étoile des Souffles n’était pas importée par tout ce que son devoir de chef lui avait procuré. Une vie lui suffisait, et donner des ordres n’était pas l’occupation qui lui plaisait le plus. Son pouvoir, s’il n’avait tenu qu’à elle … Cela aurait fait bien longtemps qu’elle l’aurait donné à ceux qui le voudraient. Mais elle ne pouvait pas, à moi d’y laisser sa vie. Et cela, elle ne le voulait pas. Et avec le temps, elle s’était résignée à l’idée qu’elle devrait faire face à la jalousie de son propre Clan. Elle s’était sentie prête à les affronter. Eux. Ceux qu’elle considérait comme membres de sa famille. Ils ne l’aimaient pas, mais pourtant elle les aimait bien plus que n’importe qui. Étoile des Souffles était capable de tout donner pour eux, absolument tout. Mais eux s’en fichaient, oui. Ils ne voyaient en cette chef qu’une jeune guerrière qu’ils disaient bien trop expérimentée. Pourtant, elle-même était persuadée qu’elle ne gouvernait pas mal. Mais peut-être était-ce eux, tout simplement, qui voulaient la forcer à croire ceci ? Pensaient-ils qu’elle voudrait un jour partir, laissant ainsi disponible son rang de chef ? Jamais. Jamais elle ne partirait. Et ceux qui n’étaient pas contents n’avaient cas partir, oui. Même si dans ses rêves, elle voulait à tout prix que ses guerriers l’aiment. Elle voulait du plus profond de son cœur qu’un jour, les gens se rendent compte qu’après tout, elle n’était pas une mauvaise chef. Le soupir qui s’échappa du museau de la féline forma un petit nuage de vapeur, qui se dissout rapidement dans l’air. Elle espérait. Et cela la faisait souffrir.

Agilement, la femelle descendit de son promontoire pour venir se mêler à la foule de chats qui s’éveillaient. Tout contre elle, Étoile des Souffles sentit peser le poids des regards. Elle était parmi eux et pourtant, tout portait à croire qu’ils ne la considéraient même pas comme l’une des leurs. Heureusement, elle aperçu au loin son amie Rêve de Liberté, qui s’exaspérait devant un apprenti qui refusait de prendre sa portion de plantes. Ce minet là avait frôlé la mort lors de l’hiver, et sans doute voulait-il à présent profiter de sa guérison. Il s’estimait hors de danger, sûrement. Et la meneuse sourit, car elle savait qu’entre les mains de cette guérisseuse, le Clan ne risquait rien. La confiance aveugle qu’elle avait en son amie d’enfance était simplement … Indescriptible. Alors la chatte tricolore chercha du regard une autre amie. Sa Lieutenante. Elle ne la vit pas tout de suite, et sourit une nouvelle fois, presque persuadée que son amie était sans aucun doute partie prendre l’air, comme elle en avait tant l’habitude. Alors cette fois-ci, son regard fut attiré par une petite boule de poils rousse, qui attendait sagement devant la pouponnière. Elle semblait ébahie de l’activité du camp qui s’éveillait petit à petite. Étoile des Souffles ne se souvenait pas vraiment de son enfance … Ou plutôt, disons qu’elle avait tout fait pour l’oublier. Mais elle savait qu’elle aussi, avait souvent admiré les guerriers, alors qu’elle était encore haute comme trois pommes. Elle sourit, et si dirigea vers le chaton, qu’elle reconnu sans aucun mal. C’était Petite Broussaille, une chatte au physique peu commun. La meneuse l’avait toujours trouvée si mignonne, avec son regard vif et ses attitudes admiratives. Ce fut presque d’une voix maternelle, qu’elle salua la jeunette.

« Bonjour Petite Broussaille ! Belle journée de printemps n’est-ce pas ? Tu dois aussi être contente, que nous sortions peu à peu de l’hiver si rude, non ? »

La féline regarda tendrement sa cadette, regrettant ses années où l’on n’était pas encore vraiment consciente de la difficulté de la vie qui nous attendait. Ou en tout cas, presque pas. Étoile des Souffles hésita mais finalement, elle s’assit en face du chaton roux, espérant que celle-ci accepterait un peu de compagnie de la part de sa meneuse. Et intérieurement, cette dernière espérait en secret que Petite Broussaille, elle au moins … Ne la rejette pas. Elle ne voulait pas que la petite ai ce respect forcé que les autres étaient obligés d’avoir envers le chef. Elle voulait simplement … Un peu de compagnie qui n’ai pas d’arrières pensées à son sujet.

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